Diverses ébauches de listes confidentielles d'agents français (une de 176 noms, la deuxième de 150 noms et la troisième de 145 noms) susceptibles de collaborer avec la Gestapo.
Non datées, incomplètes, en cours d'élaboration, probablement à usage personnel ou destinées à être communiquées entre différents services, ont été découvertes par l'armée américaine après leur arrivée dans la ville de Rennes au siège de la Gestapo le 4 août 1944.
Ces documents oubliés d'être détruits, rédigés en allemands auraient été traduits en anglais par le Counter Intelligence Corps (C.I.C.) service de renseignements de l'Armée de terre américaine, puis transmis au Comité Départemental de Libération (C.D.L.) d'Ille-et-Vilaine qui à son tour les ont traduits en français.

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Les lettres S.R. signifient :
S. = "Sicherheitspolizei" en abrégé Sipo (Police de sûreté),
R. = ville de Rennes,
Le nombre d'une centaine forme le numéro de l'agent et commence par un chiffre attribué à l'antenne d'une ville (Aussenkommando ou Aussendienstelle) :
1 = Saint-Malo,
2 = Saint-Brieuc, Guingamp,
3 = Brest, Morlaix,
4 = Quimper,
5 = Vannes,
6 = Pontivy,
7 = Rennes,
8 = Locminé ?
9 = Lorient ?

 

La collaboratrice HONOREZ Marie-Thérèse apporte quelques précisions :

– « Les lettres S.R. étaient attribuées aux agents de renseignements de nos services à Rennes. Ces deux lettres, la dernière et la première du mot "Rennes", servaient à les identifier.
Le nombre étant le numéro qui leur était attribué. Les numéros commençant per Ia centaine 7 étaient destinés aux agents de Rennes. Ceux détachés à d'autres centres comme Brest, Quimper ou ailleurs avaient un numéro commençant par une autre centaine, je ne saurais cependant pas vous désigner les postes et le numéros des centaines qui y étaient attribués. Pour Rennes uniquement, je sais que c'était la centaine 7.

Je dois cependant préciser qu'il peut arriver qu'un numéro S.R. ait été attribué à un homme qui n'a pas travaillé pour nos services comme indicateur.
Ainsi pour pouvoir rencontrer nos fournisseurs particuliers au marché noir, également pour les maîtresses de certains d'entre nous, nous renseignons à nos chefs sous un numéro S.R., bien qu'ils ne fussent pas agents indicateurs.

Les ordres de HIMMLER interdisaient formellement aux agents du service de familiariser avec des Français. Pour pouvoir recevoir et nous auprès de certains Français qui nous fournissaient du beurre, du lard ou autre chose, ainsi que pour pouvoir rencontrer une maîtresse française, nous leur donnions un indicatif. Pour nos chefs, ces gens passaient pour être des indicateurs, alors qu'ils ne l'étaient pas. »

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A noter (mais à prendre avec des pincettes) l'origine d'une liste trouvée à Rennes par GOANAC'H Charles, chef départemental du P.N.B. :
– " MOCAËR, architecte à Landerneau, rue de Ploudiry, membre du S.R.A. allemand. C'est lui qui a fait fabriquer la fausse liste des membres de la S.D. qui a été trouvée à Rennes.
Ce renseignement m'a été donné par GOUNARCH de la libraire DERRIEN à Brest. "

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Sources :
• Dossier "Liste d'agents trouvée à la Gestapo de Rennes - Organisation du Sipo et SD en Bretagne", Archives Nationales Pierrefitte-sur-Seine, cote 19880016/10/2 (23 documents).
• Dossier DGER "Breuer Adolphe", SHD Vincennes GR 28 P 6 56 (35 documents).
• Dossier DGER "Goanac'h Charles", SHD Vincennes GR 28 P 6 56 (23 documents)...