Bourbriac
Les faits
Rafle le 11 juillet 1944, à Saint-Nicolas-du-Pélem, et arrestation de nombreux résistants, dont une partie est enfermée à Bourbriac. Cela fait partie du plan de l'armée allemande de contrer la Résistance devenue redoutable pour acheminer des armes.
Les prisonniers, enchaînés dans la cave de la maison du notaire maître Sourimant (Bourbriac) sont torturés pour leur arracher des renseignements sur les noms de leurs camarades et l'organisation des FTP (francs-tireurs partisans).
Garzonval, le 16 juillet. Sept des jeunes résistants torturés sont abattus ; les Allemands et leurs complices prétendent qu'il s'agit d'un règlement de compte entre des groupes de résistants opposés.
Avis de l'historien Kristian Hamon
Publié le 18/08/2010
- forum le monde en guerre -
Discussion sur le sujet :
La première chose qui m’a étonné dans ce drame de Bourbriac, outre l’imprécision des souvenirs de Le Bris et des témoins locaux, c’est l’absence de référence à cette histoire dans les dossiers d’instruction des membres du Bezen. Rien, pas un seul témoignage ou allusion.
Alors qu’en recoupant les dossiers de la trentaine de membres arrêtés et jugés, on arrive à connaître pratiquement toutes leurs opérations.
Et pourtant, s’agissant de sauver leur tête, certains d’entre eux n’hésiteront pas à "charger" les copains. Contrairement à leurs victimes, il n’y aura pas besoin de les torturer pour qu’ils parlent ! Que rien n’ai filtré de cette opération est donc étrange.
Autre remarque, celle de la confusion des témoignages à propos du Bezen.
On ne prête qu’aux riches, c’est vrai, surtout Chevillotte >, mais on les voit partout, un peu trop même.
Exemple dans ce dossier "crimes de guerre" sur Perros-Guirec : "Le dimanche 4 juin 1944, le SD et le Bezen Perrot investissent Perros. Botros en uniforme noir accompagné des miliciens bretons pénètrent avec violence dans l’hôtel du Cheval-Blanc. Les coups pleuvent sur la famille Le Merrer et Jean Le Lannou. Odette Le Merrer est torturée. Deux gendarmes sont arrêtés et torturés par Botros >. Il y aura de nombreuses arrestations : ce sont des membres du groupe FTP de Gabriel Péri, infiltré par Botros et Geffroy du Bezen."
Je ne suis pas spécialiste en uniforme, mais il me semble que la tenue noire Waffen SS était celle des pilotes de chars. Ensuite, Botros n’était pas au Bezen mais au kommando de Landerneau. Quant à Geffroy, il y en a deux et avec le même prénom : un au Bezen et un au kommando de Landerneau ! A prendre donc avec de sérieuses réserves…
Pour Bourbriac, j’ai bien pensé à des agents français de l’Abwehr, notamment ceux de Quimper, arrivés à Pontivy début juillet avec Zeller pour être intégrés à la FAT > de Pierre Lyon (Hermann Peters - allemand chef de l'Abwehr de Quimper), mais à ce moment ils sont en opération dans le Morbihan sur les traces de Marienne et ses SAS.
Il y a aussi l’Abwehr de Vannes, dont quelques agents viennent du PNB et parlent breton, mais c’est peu probable car il ne participe pas en principe aux arrestations.
La milice française de Darnand n'a rien à voir avec cette affaire.
L’hypothèse que j’avais retenu, et c’est pour cela que je n’ai pas cité le Bezen Perrot, est celle de membres du kommando de Landerneau.
En effet, ils portaient l’uniforme allemand lors de leurs opérations, connaissaient Roëder du SD de Brest, parlaient parfaitement le breton de la région (Geffroy >, Le Hir >, Le Rest, Botros >, Caouissin), et étaient des proches de l’abbé Perrot qu’ils vénéraient.
Mais je n’ai pas plus de preuves irréfutables qu’il n’y en a pour le Bezen. Sauf ce document manuscrit, qui figure dans le dossier :
« Il semble que c’est une partie du personnel du kommando de Landerneau qui tortura les patriotes de Bourbriac du 6 au 17 juillet à la suite de la rafle de Saint-Nicolas.
Il est d‘autre part indiqué que cette affaire fut menée par Corre et Le Hir.
En outre il est fait mention dans le rapport anonyme d’un adjudant chef qui pourrait être Hirch Friedrich, peut être serait-ce Roosen-Rugen et Schaad. Naturellement le chef était Kruger. » (Note manuscrite au crayon, dossier 1045W41) Malheureusement, ce document n’est ni daté ni signé, il n’est pas recevable.
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Voir le Blog de Kristian Hamon :
Le livre de Guillaume Le Bris
relatant cette affaire est fortement sujet à caution
Pour l'historien Yannick Botrel (ancien sénateur-maire de Bourbriac)
c'est le Kommando de Landerneau qui a participé à l'opération.