NORDISME
1 - PANGERMANISME
Société de Thulé
Mythe et réalité
26-27 avril 1919 le gouvernement de la république des conseils de Bavière lance une vague d'arrestations au sein de la société Thulé, société secrète pangermaniste et antisémite née à Munich quelques mois plutôt.
Opposée à la démocratie, empreinte de mystique allemande païenne, destinée officiellement à "l'étude de l'histoire allemande et la promotion de la culture germanique" elle a pour slogan
"heil und Sieg" ( Salut et Victoire )"
et pour embléme une croix de Wotan - deux symboles que Hitler reprendra en partie quand il s'emparera de la direction du parti nazi.
Source : "le noir et le brun"
de Jean-Christophe Buisson (ed.Perrin-2022)
Au départ simple loge au sein d'une société secrète pangermaniste, Völkisch et antisémite, la Société Thulé a été constituée par Rudof Glauer, qui se prétend baron Rudolf von Sebottendorf, le 17 août 1918. Diffusée à Munich, l'idéologie de cette société prônait l'antisémitisme, l'antirépublicanisme, le paganisme et le racisme. Son symbole, la croix de Wotan, divinité pré-germanique, n'est pas sans rappeler la croix gammée. Le salut de Thulé "Heil und Sieg"» ("Salut et victoire") fut repris par Hitler qui le transforma en "Sieg Heil". Ce salut, en liaison avec le bras levé, était un rituel magique utilisé pour la formation de voltes.
Vers 1923, Rudolf Hess, revenu à Munich, devient l'un des animateurs de l'Ordre de Thulé, dont Hermann Göring est l'un des membres les plus célèbres.
Autour de cette société secrète gravitent un certain nombres de groupuscules, dont est issu le NSDAP, le Deutsche Arbeiterverein de Karl Harrer, qui devient le Deutsche Arbeiterpertei, fondé par Anton Drexler et Harrer; pour bien marquer leur filiation, les fondateur du DAP reprennent la croix gammée.
Expulsé du Reich en 1934, Sebottendorf se serait suicidé en se jetant dans le Bosphore en 1945, mais il a été retrouvé par les services secrets britanniques et a fini sa vie en 1950 en Égypte.
L'idéologie de l'Ordre était fondée sur la croyance en l'existence de surhommes et d'une race humaine supérieure : les Aryens qui auraient vu le jour dans l'hypothétique Hyperborée.
L'un de ses textes de référence est les Protocoles des Sages de Sion. Ce texte (inventé de toutes pièces par la police secrète du tsar et publié pour la première fois en Russie en 1903) fut repris par Adolf Hitler comme pièce maîtresse de la propagande antisémite du Troisième Reich et par Alfred Rosenberg dans son ouvrage Le Mythe du XXe siècle.
L'idéologie professée par la société Thulé s'inspire d'un corpus d'éléments ésotériques et mystiques puisés dans l'Ariosophie de Guido von List, chez Jörg Lanz von Liebenfels, un autre faux baron s'appelant simplement Lanz, Rudolf von Sebottendorf, Helena Petrovna Blavatsky, Arthur de Gobineau, et des théories aryano-centristes de certains archéologues allemands. List se propose de diriger les Aryens vers une société paysanne, patriarcale et esclavagiste.
La plupart des membres sont ariosophes ; certains sont initiés à la Franc-maçonnerie, même si certaines de leurs idées s'opposent radicalement, comme celle de la fraternité universelle.
Comme les multiples groupuscules Völkisch qui fleurissent en Allemagne après la défaite de 1918, la société Thulé développe une rhétorique antisémite, raciste et nationaliste, tout en prêtant son nom à un groupe de combat antisémite engagé dans la répression de la République des Conseils à Munich.
Ses liens avec le mouvement nazi sont nombreux, mais leur nature réelle largement ignorée aujourd'hui encore.
Propriétaire du journal, le Völkischer Beobachter, la société a revendu le titre au DAP, et a accueilli la rédaction du journal après l'avoir revendu.
Le svastika dextrogyre, la croix gammée,utilisée par les occultistes depuis le XVIIIe, a été proposée comme emblème du DAP par un militant membre de la société, lors du congrès de Salzbourg : il a néanmoins été modifié par Hitler peu après
Personne ne connaît exactement la liste complète des membres, ce qui a amené certains auteurs à échafauder des théories diverses sur l'adhésion de personnalités à une section secrète de la société Thulé notamment au sein de l'élite SS.
Des auteurs comme Werner Gerson , Jacques Bergier dans le Matin des Magiciens, et Trevor Ravenscroft dans la Lance du Destin, rapportent que les membres de Thulé, considéraient Rudolf Steiner et ses disciples comme leurs pires ennemis. Steiner a été Secrétaire général de la section allemande de la Société théosophique, avant la fondation de la Société Thulé. Comme certains membres de la Société Thulé auraient aussi été membres de la Société théosophique, l'amalgame était facile.
René Alleau affirme avoir découvert en Allemagne la liste des membres de la Société Thulé, publiée en 1933 par R. von Sebottendorf, laquelle comprend 226 noms, mais pas celui de Rudolf Steiner. Dans sa liste, von Sebottendorf ne mentionne pas Hitler comme membre de la Société Thulé, mais écrit en 1933, qu'il fut fréquemment "l'hôte de la Thulé".
Quelques-uns des autres membres cités par divers auteurs sont : Rudolf von Sebottendorf, Adolf Hitler, Jörg Lanz von Liebenfels, Guido von List, Hermann Göring, Rudolf Hess, Alfred Rosenberg, Julius Streicher, Hans Frank, Bernhard Stempfle, Theo Morell.
La société Thulé après sa dissolution
Dès les années 1930, et plus encore après sa dissolution, la Société Thulé exerce une forte fascination dans certains milieux, notamment les groupes occultistes et les associations d'extrême-droite nostalgique du Troisième Reich.
On crédite cette société d'une forte influence non seulement sur les dirigeants du Troisième Reich, mais aussi dans les premiers moments du mouvement nazi, mais il semblerait, que, sur ce dernier point, les chercheurs soient incapables de se prononcer clairement dans un sens ou dans un autre, ce qui génère de nombreuses spéculations sur la question, aujourd'hui encore.
En effet, durant les années 1960, certains auteurs proches des milieux occultistes, Jan van Helsing, notamment, défend, sur la base du témoignage largement remis en cause de Hermann Rauschning, l'idée que Hitler serait un initié, membre important de la société de Thulé, transformée pour la cause en société initiatique
La littérature a été historiquement la première des formes d'expression artistique à utiliser cette société secrète comme protagoniste important. Dans un premier temps, l'évocation de la Thule Gesselschaft constitue un apanage de la littérature d'extrême-droite, en général produite afin de participer au blanchiment d'anciens nazis, souvent des SS, à l'image des romans de l'Autrichien et ancien SS Wilhelm Landig, qui mélange habilement uchronie, anticipation et thèses nazies.
Landig, en utilisant le roman, a pu de permettre de jouer avec la censure en vigueur en Allemagne et exposer ses idées néonazies à un public plus large que le lectorat habituel des publications nostalgiques du Troisième Reich.
le (controversé) "matin des magiciens" de Louis Pauwels et Jacques Bergier a connu un grand succès en librairie.
En France, Jean Mabire publie en 1977 un roman initiatique qu'il présente comme un essai historique,
Thulé, le soleil retrouvé des Hyperboréens, dans lequel, non seulement il développe une mystique du sang et de la race, mais aussi établit une filiation de Thulé avec l'Atlantide.
Source : timenote.info
Il n'est pas sans intérêt de souligner l'influence qu'eurent les sociétés secrètes sur la politique allemande.
Ce phénomène n'est d'ailleurs pas isolé; on le retrouve en Italie avec le carbonarisme, et aussi en Chine et au Japon.
Enfin, il ne faut pas oublier que les théories de la Société Thulé trouvèrent entre les deux guerres un écho en France, notamment en Bretagne, comme le prouvent les écrits de Morvan Marchal et d'Olier Mordrel dans le journal
Breiz Atao.
2 - CELTISME