SAGA
Olier Mordrel
1 / L'État breton
PRINCIPE INITIAL : La Bretagne aux Bretons.
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Constitution d'un État breton indépendant, qui recevra les limites de la Bretagne historique et auquel pourront se rallier, par voie de plébiscite, certaines régions limitrophes.
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Restitution à la Bretagne d'une partie des richesses nationales de l'État français, y compris encaisse d'or, colonies, collections d'art, bibliothèques, équipement industriel, en rapport avec le chiffre de sa population.
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Adhésion de la Bretagne, à son gré, par des liens fédéraux ou simplement économiques à toute puissance de son
choix, pour assurer notamment un débouché à ses exportations, ainsi que sa protection militaire.
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Prise du pouvoir en Bretagne par Saga avec mission de faire disparaître les anciennes institutions et de susciter la création de nouveaux organismes de vie sociale, politique et culturelle. Son rôle terminé et le fonctionnement du nouvel ordre de choses étant assuré, SAGA disparaît.
2 / La politique intérieure
PRINCIPES POLITIQUES :
La Bretagne est une communauté spirituelle. Qui n'en n'est pas n'est pas Breton.
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L'État est au service des travailleurs et non pas les travailleurs à la disposition de l'état.
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Exclusion des étrangers, et particulièrement des races latines et de couleur, de tous les postes responsables de la vie publique. Exception prévue pour le cas des hommes nordiques.
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Expulsion des étrangers indésirables ou inassimilables.
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Le Breton qui n'adhère pas à la communauté spirituelle bretonne et fait opposition au relèvement national est privé des droits civiques et est soumis à la législation sur les étrangers.
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Les droits et les intérêts des Bretons ont la priorité sur ceux des étrangers.
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Autonomie de la commune et de la région.
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Parlement professionnel et Parlement politique collaborent à la confection des lois.
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Indépendance de l'exécutif assuré par un mandat de longue durée.
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L'État celtique ne possède en propre que :
le soin d'appliquer les lois élaborés de concert avec les corporations, l'administration des services publics étatisés, l'initiative des créations sociales, patriotiques ou économiques désirables, la représentation à l'étranger, les passeports et l'attribution des droits civiques, la douane et la milice.
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Sévère punition de la fraude et de l'immoralité électorales, par retrait du droit de vote et d'éligibilité, ainsi que la prison.
3 / La propriété et le travail
PRINCIPE ÉCONOMIQUE :
L'activité économique a pour but la satisfaction des besoins et non la sensibilité la plus élevée possible du capital financier.
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SAGA reconnaît la propriété privée de petite et moyenne importance et la place sous la protection
de l'État, tout en prenant les dispositions voulues pour que le jeu des lois empêche le cumul des
biens, en particulier des biens fonciers, entre les mains d'un seul.
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Au-dessus d'une certaine valeur, la propriété n'est plus considérée comme un droit, mais comme
une fonction et, s'il agit contrairement à l'intérêt général, le propriétaire est destituable.
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SAGA abolit la propriété privée en ce qui concerne les grands services publics ayant un caractère
national tels que:
Compagnies de chemin de fer et de navigation, compagnies d'assurances,banques de crédit, monopoles de fait, en sus de certains réseaux, des P.T.T., etc., déjà étatisés.
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L'État préside à la collectivisation et la contrôle, mais chaque fois qu'il est possible évite l'étatisation et remet la gérance des entreprises nationalisées entre les mains des producteurs et consommateurs intéressés à leur bon fonctionnement.
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Tout Breton n'exerçant pas un métier ou une fonction est dépourvu des droits civiques.
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Dans le cadre de l'obligation d'une activité utile et de la reconnaissance de la propriété contrôlée, chaque Breton est libre de l'orientation de son activité personnelle et du produit de son travail.
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La petite propriété et la petite entreprise sous toutes leurs formes ont la préférence de l'état, car elles attachent l'homme au sol et à la famille.
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Des droits suffisants sont perçus aux frontières sur les importations étrangères pour empêcher la spéculation internationale de ruiner les petits producteurs bretons.
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L'usure, la spéculation, la fraude et l'enrichissement déloyal sont punis comme des crimes de haute trahison.
Les méthodes d'industrialisation ne sont encouragées que pour les marchandises d'exportation, tant que la concurrence le rend nécessaire.
4 / Organisation financière
PRINCIPE FINANCIER :
les puissances d'argent doivent être tenues sous le joug de l'État. D'où notre objectif : briser l'esclavage de l'intérêt.
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L'État breton n'endosse aucune dette extérieure. Il liquidera rapidement la dette intérieure française dont il recevra l'héritage pour la Bretagne.
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L'État breton prend la suite de l'État français pour continuer jusqu'à expiration des engagements de celui-ci les retraites et pensions, ajustées au taux réel du coût de la vie.
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Création d'une banque d'émission unique d'état.
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Financement des grandes entreprises publiques par des contributions consenties volontairement par les collectivités intéressées et non productrices d'intérêt, d'une part, d'autre part par des subventions d'état.
Introduction d'une valeur monétaire basée sur une encaisse métallique et garantie en outre par les collectivités économiques.
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Création, avec l'aide et le contrôle de l'État, d'une banque unique immobilière et industrielle d'utilité publique, chargée de financer les emprunts sans intérêts.
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Suppression des impôts actuels directs et indirects. Création d'un impôt unique et, par définition réduit, sur les signes extérieurs de la richesse.
5 / œuvres sociales
PRINCIPE SOCIAL :
la nation travaille pour le bien-être de tous et non pour celui d'une classe privilégiée.
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Nationalisations et généralisation des rentes viagères pour profiter à tous les vieillards nécessiteux et les invalides du travail.
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Participation sous certaines conditions requises, des employés et ouvriers aux bénéfices des exploitations où ils travaillent.
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Confiscation des capitaux libérés par l'allègement budgétaire provenant de la suppression de la gabegie parisienne, de celle des dettes et d'une très grande réduction du budget militaire à la reconstruction selon des principes d'hygiène des logements des ouvriers et des paysans.
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6 / Education et effort national
PRINCIPE CULTUREL:
nous ne reconnaissons aucune culture valable, en dehors du respect de la culture bretonne et de son libre épanouissement.
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Contrôle de l'éducation de la jeunesse, destinée à faire des hommes physiquement et moralement sains, et rendus au génie jusqu'ici étouffé de notre race.
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Restauration intégrale de notre langue nationale.
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Complète liberté d'enseignement, de conscience et de religion, sous réserve du respect de l'effort national.
Respect de la foi chrétienne comme étant la seule base de la moralité bretonne.
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Répression des conceptions qui froissent les sentiments de moralité bretonne et qui ont un caractère destructeur de la Bretagne.
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Répression de toutes les influences contraires à l'effort national breton, qu'elles se manifestent par le livre, la presse, le théâtre, l'art ou le cinéma
7 / Dispositions diverses
Création d'une milice, sur le modèle suisse, pour la défense du territoire avec un corps d'officiers de métier.
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Contrôle des ressources extraordinaires des journaux et organes de publicité.
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Réforme juridique assurant l'égalité de sexes, les droits de l'enfant et de la famille, le statut légaldes professions, des syndicats et des corporations.
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Modification de la loi sur les sociétés pour les mettre d'accord avec les dispositions générales de la législation sur la propriété, le travail et la nationalité.
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Réforme judiciaire pour limiter l'intervention de la justice, en simplifiant les rouages et en réduire
les frais.
8 / Politique européenne
Abolition de toutes les dettes de guerre et des soldes de réparations.
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Recherche d'un équilibre économique mondial par la continuation des conférences et des accords internationaux visant à l'égalisation des conditions de production et à la répartition des marchés.
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Révision des traités de paix. Réajustement des frontières par voix d'arbitrage et de plébiscite.
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Pacification de l'Europe par le système des fédérations progressives et superposées, allant de la commune à la région, de la région à la nation, de la nation à la famille de nations, de la famille de nations au continent.
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Désarmement obligatoire entre membres de la même fédération. Conservation d'une force armée dont disposera l'échelon le plus élevé de la fédération.
publié par Olier Mordrel (sous le pseudo de Calvez)
dans le N° 170 de Breiz Atao du 12 mars 1933