Mathilde Bélard, de son nom d'épouse Mathilde Carré, naquit au Creusot en 1910.

 

Elle eut en tant qu'agent secret de nombreux noms de code (Victoire, Micheline, Baghera, die Katz…) mais c'est surtout celui de "la Chatte" que l'histoire a retenu en raison de deux films  qui ont mis en scène, de manière romancée, son incroyable parcours durant l'occupation.

 

Dotée d'un fort tempérament, d'un culot à toute épreuve et de nerfs d'acier, elle commença sa carrière d'agent secret à Londres au contact de Roman Czerniawski > qui entreprit de mettre sur pied le réseau de renseignement "Interallié" constitué d'anciens officiers polonais au service de leur gouvernement en exil.

 

De novembre 40 à octobre 41, elle transmet à Londres, des renseignements d'une grande importance mais, à la suite de l'imprudence d'un agent du réseau, elle est arrêtée par les Allemands et confiée à Hugo Bleicher >

 

Supportant mal la prison, elle devient la maîtresse de Bleicher, et lui livre l'ensemble du réseau soit plus de cinquante agents dont Czerniawski.

 

Elle est désormais un agent double travaillant pour l'armée allemande contre la Résistance.

 

Son séjour à l'Abwehr est très lourd de conséquences pour plusieurs réseaux de renseignements bien qu'il n'ait duré que deux mois car elle rencontre Pierre de Vomécourt > fondateur du réseau "Sycamore", celui-ci cherche à établir un lien avec Londres au travers de celle qu'il sait être un agent double mais qu'il pense pouvoir "retourner" pour le service des alliés car, pense-t-il, elle ne manque pas de qualités pour ce travail.

 

Une opération improbable et rocambolesque est montée : Pierre de Vomécourt et celle qui porte maintenant le nom de "Victoire" devaient aller à Londres et faire passer en France un général anglais chargé de prendre contact avec les réseaux de résistance.

 

Les Allemands sont informés de cette incroyable opération dont la seconde partie est un bluff.

 

Dans la nuit du 11 au 12 février 1944, la MGB 314 (1) de la Royal Navy était chargée de remettre à terre deux agents anglais et d'embarquer de Vomécourt et la Chatte.

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L'échange devait se dérouler sur la plage du Moulin de la Rive sous les yeux des Allemands mis au courant.

 

Les agents alliés purent débarquer mais, au moment du départ, la mer se déchaîna soudainement et une vague fit chavirer le fragile youyou entraînant à la mer ses occupants.

 

L'officier australien, en uniforme anglais, chargé de réaliser le transfert se rendit aux Allemands et fut traité comme prisonnier de guerre.

 

La Chatte, quant à elle, furieuse et dégoulinante dans son manteau de fourrure, se lamentant sur sa valise perdue, fut embarquée par l'occupant de même que de Vomécourt.

 

En revanche, les deux agents anglais, du nom de Abbot et Redding, réussirent à s'enfuir dans leurs habits civils et allèrent se réfugier à Run Gwenn, sur les hauteurs de Lézingar chez un dénommé André Geffroy, éleveur de moutons, installé peu avant la guerre et bien connu pour son activisme au sein du Parti National Breton (PNB).

 

André Geffroy accueillit favorablement les deux anglais mais, après les avoir installés dans une crèche, il s'absenta et quelque temps plus tard les soldats Allemands firent irruption dans la ferme et les arrêtèrent.

 

Bien que s'étant toujours défendu d'avoir livré les deux agents, Geffroy fut jugé - pour ces faits et bien d'autres de collaboration - et condamné à mort en dépit d'une déposition à décharge au procès par l'un des deux Anglais.

 

Il fut gracié par le Président Auriol et libéré en 1954.